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Le Pinceau et la Plume - Une sorcière à boire










Une sorcière à boire

C'est la reine du chaudron occulte.
Des mixtures cornues la Tsarine.
Je suis adepte de sa cuisine.
Rien que d'y penser mon âme exulte.

La lueur de l'astre vérolé,
Me voit à l'orée de sa grotte.
En voleur, en esprit qui flotte.
Je viens dans son art m'immoler.

Sous le piton, un long corridor,
Mène à l'antre méphistophélique.
Debout, pieds calés, cataleptique,
Elle consulte un livre de sorts.

Flottant dans sa robe de dentelle,
Qu'on dirait cousue par les mites.
Elle bouge et le cœur reçoit d'elle,
Des impacts de météorites.

Une théorie de crotales,
Bruisse un chant doux de cigales.
Tandis que des boas constrictors,
S'émeuvent et fondent dans le décor.

Une bande de souris chauves,
Riote à outrance puis se sauve.
Au mur l'effigie de Belzebuth,
Exhale une fumée gris bismuth.

Face à sa bouillonnante marmite,
Les mains et les jambes elle agite.
Pendant que diablotin boutonneux,
Tisonne le feu avec sa queue.

En maestro qui mène la danse,
Juste un geste et c'est le silence
Total, que seuls troue le son des plocs
Quand tombent les ingrédients ad-hoc.

Le crapaud qu'elle toise, l'œil torve,
Contraint et forcé cède sa morve.
Coup d'œil courroucé au basilic,
Le voilà crachant son arsenic.

Une veuve noire déplorée;
Vient pleurer son venin mordoré.
Une edelweiss blanche immaculée,
Clôt cette liste in-calculée.

Telle Venus jaillissant des eaux
Elle balance au loin ses haillons
Un éclair, pied levé en chaudron
S'éteint, avec elle sous les flots.

Liquide doré et translucide,
A l'aspect d'un étang inviolé.
Quand bu à plus soif, à langue acide,
Donne un goût âcre vitriolé.

Silenys


Poème de Silenys
© Le Pinceau et la Plume

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