| Le Pinceau et la Plume
Pour l’amoureux de poèmes et d’estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit,
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes,
Avec un pinceau ou plume, que le monde est petit .
Le matin nous rêvons le cerveau plein de flamme,
Le coeur parfois triste et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Ecrire avec pinceau et plume, sur le fini des mers.
Les uns, joyeux de fuir une vie infâme,
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Poètes noyés dans les yeux d'une femme,
Légèreté d’une plume, doux pinceau de parfums.
Pour n'être pas en tête-à-tête, ils écrivent,
D'espace et de lumière et de cieux embrasés ,
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent la plume et le pinceau, la marque des baisers.
Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent,
Pour partir ; esprits légers, semblables aux ballons,
De leur pinceau et plume jamais ils ne s'écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !,
Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, regard perdu vers l’horizon,
De vastes voluptés, changeantes et inconnues,
Tracent au pinceau et plume, des lignes sans nom.
Moâ
Poème de Moâ © Le Pinceau et la Plume
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